Articles
09 avril 2025
La cohabitation locataires propriétaires

La cohabitation locataires propriétaires
Par
Village Urbain
09 avril 2025
Articles
Au Québec, en 2021, seulement six québécois·es sur dix étaient propriétaires, un chiffre qui a baissé depuis 2016 et qui reste inférieur à la moyenne canadienne¹. L’accès à la propriété est devenu plus difficile que jamais dans la province. Dans un tel contexte, Village Urbain a décidé de faire de son premier projet, Un Village à Lachine, le premier cohabitat québécois à rassembler des locataires et des propriétaires au sein d’un même projet.
Un accès à la propriété de plus en plus difficile
La crise de l’accès à la propriété ne touche pas toutes les tranches de la population de façon égale. Dans un contexte de crise du logement, les femmes sont souvent les premières victimes et se retrouvent en proie à une précarité économique et à un manque d’accès au logement. Ainsi, alors que 32% des hommes sont locataires au Québec, c’est plus de la moitié des femmes (51%) qui louent leur logement. Les jeunes professionnel·les et les jeunes familles représentent aussi des catégories de la population plus défavorisées dans l’accès à la propriété. En 2021, les 25-29 ans ne sont que 34,3% à être propriétaires au Québec, contre 38,5% en 2011, un chiffre qui baisse inexorablement depuis les années 1960. Ceci s’explique notamment par un obstacle majeur à l’accès à la propriété : la mise de fonds. Le nombre de mois nécessaires pour accumuler l’épargne suffisant à une mise de fonds destinée à l’achat est passé de 40 à 69 mois² .
Un fossé se creuse entre les locataires et les propriétaires: au-delà de l’inégalité économique dans l’accès à la propriété, on observe l’inégalité dans l’accès à des logements locatifs de qualité. Les logements neufs voient leur prix augmenter considérablement et leur taille rétrécir. Ces logements sont non seulement peu accessibles pour les plus jeunes, les familles et les personnes seules, mais ils sont aussi inadaptés aux besoins d’espace et de rangement qu’ont les familles et futures familles.
Une formule innovante pour plus de mixité
Le cohabitat intergénérationnel tel que proposé par Village Urbain se positionne comme une réponse partielle à de nombreux enjeux de la crise du logement: des espaces collectifs pour favoriser la création d’une communauté soudée et lutter contre l’isolement social autant que pour mutualiser les ressources et agrandir de façon innovante son espace de vie.
Pour agir contre ces inégalités et construire des milieux de vie adaptés aux besoins diversifiés de la population québécoise, Village Urbain propose une formule encore nouvelle dans le paysage des cohabitats québécois: la cohabitation propriétaires locataires. La cohabitation propriétaires locataires, c’est quoi? Il peut être défini comme le fait de réunir dans un même bâtiment des ménages propriétaires et des ménages locataires qui partagent des espaces collectifs, des valeurs, des responsabilités et la vision commune de construire une communauté forte.
Créer les conditions d’une communauté solidaire
Dans les faits, nous observons que la majorité des personnes qui s’intéressent au cohabitat choisissent ce mode de vie pour répondre à des besoins humains qui sont bien souvent complémentaires à ceux des autres générations. Par exemple, les jeunes familles et les familles monoparentales qui aimeraient bénéficier de l’aide de grands-parents de substitution et les personnes retraité·es qui souhaitent tisser des liens avec les plus jeunes et transmettre leur savoir. La cohabitation propriétaires locataires permet de réunir ces générations sous un même toit et de construire un cohabitat réellement diversifié qui permet de répondre aux besoins de tous.tes.
Comment ça fonctionne? On observe parfois entre les propriétaires et les locataires des réticences à partager des responsabilités. Effectivement, certain·es entretiennent des craintes quant à cette cohabitation: d’une part, la peur des propriétaires de se voir porter le poids de toutes les responsabilités et de devoir faire face à des départs fréquents qui fragilisent la construction d’une communauté; d’autre part, la peur des locataires d’être mis·es à l’écart des décisions qui concernent leur milieu de vie.
Des outils concrets pour favoriser l’équité
Pour assurer une meilleure cohabitation et une meilleure communication entre les cohabitant·es, Village Urbain accompagne les résident·es tout au long de leur parcours collectif. Plusieurs mécanismes à mettre en place dès les débuts du cohabitat permettent de répondre à ces doutes et de les dissiper. Une des solutions proposées est d’adopter une politique de sélection qui encourage l’occupation à long terme pour solidifier les liens sociaux et diminuer les risques de départs fréquents. Une telle politique favoriserait les propriétaires occupant·es et les locataires long-terme afin de soustraire les logements à la spéculation immobilière.
Le partage des tâches et des responsabilités s’avère aussi être un outil qui peut jouer en faveur d’une meilleure cohésion entre les locataires et les propriétaires. Il conviendrait alors d’établir une charte du cohabitat qui répartit équitablement le partage des tâches et des responsabilités entre tous·tes les cohabitant·es, sans distinction de statut. Village Urbain croit fermement qu’un tel partage équitable sans distinction de statut est la clé d’une communauté plus ouverte et plus à l’écoute des besoins de tous·tes.
Il existe d’autres outils pour permettre aux locataires et aux propriétaires de créer des liens sociaux forts et sincères. Adopter une attitude transparente sur le partage des charges entre cohabitant·es fait partie de ces stratégies. Village Urbain a donc fait le choix que le partage des charges soit basé sur la taille du logement uniquement, de sorte que chaque ménage s’acquitte équitablement de sa contribution au bâtiment, sans distinction de statut propriétaire/locataire.
Enfin, il est primordial de mettre en place un processus d’intégration en plusieurs étapes pour l’accueil de chaque nouveau·elle cohabitant·e locataire et propriétaire afin d’assurer une meilleure synergie et, surtout, une meilleure intégration de tous·tes. Village Urbain réfléchit avec les membres déjà propriétaires du cohabitat Un Village à Lachine à une façon d’intégrer les futur·es locataires dans le processus décisionnel. Avec cette démarche, Village Urbain espère participer positivement à l’abolition des clichés et des préjugés que propriétaires et locataires peuvent avoir et valoriser les énergies et les besoins de chaque ménage indépendamment de son statut.
Un engagement à long terme pour l’inclusion sociale
La cohabitation locataires/propriétaires au sein d’un même bâtiment de vie est également un outil de régulation économique et sociale. Cet outil est d’autant plus primordial dans le cadre d’un cohabitat qui prône des valeurs d’inclusivité et de mixité sociale et qui vise à lutter contre la solitude.
En adoptant une telle approche, Village Urbain aspire à permettre aux plus âgé·es et aux plus jeunes de bénéficier des forces de chacun·e et de développer une approche plus humaine et harmonieuse. Village Urbain est convaincu que les bienfaits sociaux et économiques du cohabitat ne devraient pas être réservés uniquement aux propriétaires, mais être un instrument au service de la mixité sociale.
Dans le futur, Village Urbain aspire à développer des projets plus ancrés dans cette philosophie et à permettre à de nouvelles tranches de la population fragilisées par la crise du logement d’avoir accès à des logements en cohabitat intergénérationnel.
Sources :
(1) Recensement de 2021 | Le taux de propriété recule au Québec. (2022, September 22). La Presse.
(2) Schaff, H. 2022, September 22. Le rêve d’acheter une maison s’effondre pour les jeunes Québécois. Le Journal De Montréal